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jeudi, 20 novembre 2008

Fort Europa? Voorlopig een wensdroom

Fort Europa ? Voorlopig een wensdroom

De financiële crisis, en daarmee gepaard het vooruitzicht op een economische recessie, duwde het Europees Pakte inzake Immigratie en Asiel van de Franse president Nicolas Sarkozy naar aanleiding van de EU-top in Brussel nogal zwaar in de verdrukking. Dat hierover dus maar weinig persberichten werden gepubliceerd, zou de vele nationale regeringen nog wel eens goed kunnen uitkomen.

Want ondanks het geroep aan de zijlijn van nogal wat multicul-lobbys vertrekt dit pakt niet van de doelstelling om de illegale immigratie eindelijk een halt toe te roepen. In de tekst vindt men verwijzingen naar de immigratie die “kansen biedt” en “beslissend zal zijn voor de economische groei van de lidstaten van de EU, die op basis van hun demografische situatie immigranten nodig zullen hebben”. Het volledige asielbeleid van de Europese Unie zou ten laatste tegen 2012 in een eenheidspakket moeten worden gegoten. En als men vaststelt dat het vluchtelingennetwerk UNHCR als partner wordt genoemd, dan lijkt dat niet onmiddellijk te wijzen op een verscherping van het beleid ter zake.

Wat eveneens de wenkbrauwen doet fronsen, is het plan om voortaan “de lasten te delen”, zodat wij allemaal, alle lidstaten van de EU dus, zullen meebetalen voor de kosten van de bootvluchtelingen in het zuiden van Europa, en zodat de betrokken staten wellicht minder de neiging zullen voelen om de vluchtelingen uit te wijzen. Massale regularisaties zoals onlangs nog in Spanje – en binnenkort misschien opnieuw in België? – zouden door de EU wel worden afgewezen, al betekent dat nog niet dat men inderdaad ook effectief een vlottere uitwijzing van uitgeprocedeerde en dus illegale asielzoekers zal invoeren. Zo heeft de EU-grensagentuur Frontex onlangs haar failliet min of meer zelf al toegegeven. Ze heeft alleen aangedrongen op nog meer budgetten om haar werking te “verbeteren” maar of er meer te verwachten valt dan alleen maar nog méér bureaucratie is niet direct heel duidelijk. Het falen van Frontex heeft natuurlijk alles te maken met de eigen regels die de verschillende lidstaten hanteren en met het ontbreken van de politieke wil om er echt iets aan te doen.

Helemaal open blijft de kwestie van de juiste omschrijving van “de noodzakelijke gewenste legale arbeidsmigratie”. Zo werd in Mali een centrum voor informatie en sturing van migratie opgericht met als bedoeling ter plaatse potentiële migranten te waarschuwen voor de illegale migratie, terugkerende migranten te begeleiden en de mogelijkheden voor legale arbeidsmigratie voor hoog gekwalificeerde migranten bekend te maken. Het zou wel eens kunnen dat alleen het laatste deel de hoofdopdracht worden van dit bureau, toch zeker als men de plannen van sommigen kent om tot 2050 tot 56 miljoen migranten vooral uit Afrika naar Europa te halen om het demografisch inkrimpen van ons continent op te vangen, zoals in een bericht van Eurostat bijvoorbeeld te lezen is.

Dat deze Brain Drain Afrika zelf voor enorme problemen stelt, en daar eerder als een vorm van neokoloniale politiek wordt beschouwd, is nog niet tot onze verlichte liberale denkers doorgedrongen. Hoe moet Afrika dan zelf tot economische ontwikkeling komen, als de hoogst opgeleide Afrikanen naar Europa trekken? De Britse regering wees in elk geval de Europese eis naar meer legale immigratie vanuit Afrika reeds van de hand, omdat deze Europese regeling volgens haar alleen betrekking heeft op de Schengen-landen, waar Groot-Brittannië niet toe behoort. Groot-Brittannië wil de volledige controle over de buitengrenzen in handen houden en zelf over asiel en immigratie beslissen. Labour heeft blijkbaar het plan opgevat om gelet op de tegenvallende economische conjunctuur vooral in te zetten op eigen arbeidsinzet en de immigratie zo moeilijk mogelijk te maken.

(Peter Logghe)

lundi, 27 octobre 2008

Les fruits amers du néo-libéralisme

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Andreas MÖLZER:

Les fruits amers du néo-libéralisme

 

La  crise financière internationale a bien saisi l’Europe en ses griffes. Chaque jour,  dans l’un ou l’autre pays de l’Union Européenne,  on doit rapidement ficeler une politique de sauvetage pour empêcher l’effondrement d’une grosse banque; les indices de la Bourse plongent vertigineusement et, lors des réunions au sommet de l’UE, on cherche fébrilement des solutions  de rechange pour échapper à la crise. Toute cette misère n’est pas  subitement tombée du ciel. Depuis longtemps déjà, des spécialistes nous ont averti que la bulle pouvait éclater sur les marchés financiers internationaux, bulle que l’incommensurable avidité des spéculateurs américains avait contribué à créer. En se détachant complètement de l’économie réelle, on s’est mis à faire des affaires abracadabrantes et on a remplacé la rationalité économique par un mental de joueur de casino. Les banques européennes n’ont pas voulu demeurer en retrait de cette euphorie et se sont jetées dans le piège américain. Et maintenant  que les banques fortement touchées par cette peste risquent d’entraîner toute l’économie dans l’abîme, voilà que l’Etat doit revenir pour empêcher le pire. En d’autres termes: l’Europe récolte désormais les fruits amers du néo-libéralisme.

 

Prendre le mal à la racine: l’UE n’en a pas eu la volonté. Car pour le faire, il aurait fallu repenser de fond en comble le système financier international existant. Pour empêcher que dans l’avenir,  l’avidité pathologique de la haute finance américaine ne ruine le secteur bancaire européen, il faut tenir en laisse les jongleurs de la finance internationale. Il faudrait aussi qu’au niveau du contrôle des marchés financiers, on impose des critères minimaux sévères et, qui plus est, qu’on  exige des profiteurs du système financier une contribution de solidarité. De façon à conforter un fonds de sécurité permettant de soutenir les banques en cas de crise.

 

Quant au Bruxelles eurocratique, il est bien nécessaire qu’il change fondamentalement son attitude et confesse, même indirectement, qu’il a fait fausse route et échoué. Car, rappellons-le, dans les années et décennies passées, le Bruxelles eurocratique ne s’est pas posé comme un rempart contre la globalisation selon le modèle voulu par les Américains, mais, au contraire, comme l’instrument favorisant un libéralisme sans aucun frein. Ce Bruxelles eurocratique n’a  pas pour but premier de protéger les citoyens qu’il a sous sa juridiction mais de détricoter les barrières douanières et d’abattre les limitations imposées au commerce et de favoriser le passage et le transfert illimité des marchandises et des capitaux vers tous les continents. C’est à cela que travaillent les lobbyistes de tous poils qui s’agitent dans les corridors du Bruxelles eurocratique:  leur objectif, c’est que dans l’UE s’imposent les projets de l’idéologie néo-libérale de Wall Street et d’autres cénacles américains.

 

Andreas MÖLZER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°42/2008, trad. franç.: Robert Steuckers).

dimanche, 19 octobre 2008

La volonté d'impuissance

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Archives de "Synergies Européennes" - 1996

 

 

La volonté d'impuissance

 

Recension: Pascal BONIFACE, La volonté d'impuissance, Seuil, collection «L'histoire immé­diate», Paris, 1996, 203 p., 110 FF.

 

Dénoncée comme perversité par les idéologies modernes, la puissance  —que on définit classiquement comme étant la capacité à faire triompher sa volonté—  n'en est pas moins au cœur des relations inter­nationales. Directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques, Pascal Boniface a pré­cédemment dirigé un ouvrage portant sur cette notion-clé (1). Il prolonge aujourd'hui ces travaux en in­sistant sur les perspectives d'anarchie internationale, autrement plus probables à ses yeux qu'un quel­conque Nouvel ordre mondial (2). La thèse centrale est la suivante. Régi selon une logique paradoxale, le monde post-guerre froide est de plus en plus global sur le plan économique, financier et médiatique, et fragmenté sur le plan géopolitique et stratégique. Ainsi les différents conflits armés qui se déroulent simultanément aux quatre coins de la planète ne sont-ils plus reliés aux puissances centrales du sys­tème-Monde et susceptibles de mener à un embrasement général. Les grands de ce monde peuvent bien manier des rhétoriques universalistes et les intellectuels faire dans le "stratégiquement correct"  —ces derniers ont transféré leurs utopies salvatrices du champ politique interne à l'international—  le chaos n'en est pas moins borné. En conséquence, aucune menace massive ne pesant sur les pays riches, on s'y prend à rêver de “cocooning stratégique”. Loin d'avoir été conjuré par les présidences Reagan et Bush, le fameux “Syndrôme vietnamien” frappe aujourd'hui l'ensemble de l'hémisphère Nord (c'est-à-dire des pays développés à la démographie stagnante). Déjà présentée dans La puissance in­ternationale (cf. note 1), cette thèse est ici développée dans une langue claire et accessible, force exemples à l'appui, et Pascal Boniface se montre convaincant. Quelques griefs cependant. On aurait aimé que l'auteur s'attarde sur les rapports dialectiques existant entre le processus de mondialisation et la fragmentation géopolitique/géostratégique de la planète selon la “loi” édictée par Régis Debray voici quinze ans, mondialisation des objets/tribalisa­tion des sujets (3).

 

De même, on admettera que le thème de la menace-Sud et la version plus intellectualisée du “Clash of Civilizations” formulée par l'Américain Samuel P. Huntington sont par trop simplistes. Le “Nord” et le “Sud” sont des métaphores spatiales ne renvoyant à aucune entité politique identifiable et l'axe isla­mico-confucéen sencé menacer l'“Occident” est une fiction. Doit-on pour autant faire l'impasse sur les possibles conséquences des évolutions divergentes entre les deux rives de la Méditerranée (4)? Enfin, Pascal Boniface n'insiste pas suffisamment, à notre sens, sur le caractère illusoire et dangereux du “rêve helvétique”. On peut préférer la prospérité à la puissance, celle-ci n'en constitue pas moins un impératif. Violence maîtrisée et ordonnée, elle seule peut tempérer Behémoth (l'état de nature).

 

L'ouvrage est agréable à lire et apporte sa contribution au déchiffrement du monde post-guerre froide mais, on le voit, il n'épuise pas le sujet.

 

Louis SOREL.

 

Notes:

(1) Cf. La puissance internationale, IRIS-Dunod, Paris, 1994. Si nombre de contributions méritent d'être lues, on s'attachera particulièrement à l'étude de Hervé Le Bras sur les rapports entre guerre et population.

(2) En l'absence d'un Léviathan international, c'est-à-dire d'un centre de pouvoir disposant effectivement du monopole de la violence physique légitime, la scène mondiale est par nature anarchique. Les perspectives d'anarchie internationale dres­sées par Pascal Boniface renvoient à l'absence, depuis la fin du système Est-Ouest, de puissance hégémonique. Une puis­sance hégémonique est une puissance assumant des responsabilités internationales et dont la domination est par là-même perçue comme légitime par ses alliés. Les Etats-Unis sont aujourd'hui une puissance dominante à la recherche d'avantages unilatéraux.

(3) Cf. Régis Debray, Critique de la raison politique, Gallimard, Paris, 1981 (réédité en 1987).

(4) Dans son dernier ouvrage, Pierre Lellouche, chargé de mission auprès du Président la République française, s'inquiète du “formidable déséquilibre entre une Europe riche et vieillissante qui, ne renouvelant plus ses générations, se suicide len­tement, et un Sud pauvre, politiquement instable, en pleine expansion démographique”. Cf. Pierre Lellouche, Légitime dé­fense. Vers une Europe en sécurité au XXI° siècle, Editions Patrick Banon, 1996.

samedi, 04 octobre 2008

Les finances européennes contaminées par la crise américaine

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ECONOMIE ET MONDIALISATION
Ex:
http://www.polemia.com

Les finances européennes contaminées par la crise américaine

Après les messages d’apaisement lancés par notre ministre des Finances –  « Nous avons un système bancaire extrêmement sain qui ne sera pas touché », « La crise financière américaine est derrrière nous », etc. –, le président de la République, à l’occasion de son discours de Toulon le 25 septembre, n’a pas hésité, à son retour de New York, à annoncer aux Français que cette crise mondiale aurait des répercussions en France touchant la croissance, le chômage et le pouvoir d’achat. A vrai dire, son objectif n’était pas facile à atteindre : les crises de confiance sont redoutables pour les politiques, ils n’ont que les mots à leur disposition. A Toulon, Nicolas Sarkozy aura-t-il su parler aux Français ? Aura-t-il rassuré par les mesures qu’il entend prendre, à savoir une réglementation des rémunérations et des parachutes dorés des grands patrons (on n’est jamais très loin de la démagogie !), son « engagement solennel » à suppléer tout établissement financier défaillant afin que pas un seul épargnant ne perde un seul euro, à assurer la stabilité « des impôts et des taxes » en excluant toute hausse, une meilleure « réglementation » du système bancaire pour écarter tout esprit de spéculation au profit d’un meilleur développement économique… ? En un mot, il s’aligne sur le discours de George Bush ; il a voulu éviter que l’inquiétude ne se transforme en « panique ».
Comme toujours dans les périodes de crise politico-institutionnelle, nos médias restent assez discrets sur les risques encourus par les établissements financiers français. Néanmoins, le séisme qui frappe les banques et les marchés financiers pourrait faire les affaires d’Axa. Henri de Castries, président du directoire de l’assureur, a en effet indiqué jeudi matin sur Europe 1 que son groupe pourrait profiter de la baisse des cours de Bourse pour opérer des rachats de sociétés : « La situation d’aujourd’hui nous offrira, dans quelques mois, les opportunités de conforter encore nos positions», a-t-il précisé. Comme quoi le malheur des uns fait encore le bonheur des autres. Rien de changé sous le soleil ! Souhaitons qu’il soit de bon augure, car ce n’est déjà pas le cas de certaines banques européennes qui, comme le décrit ci-après Stéphen Steinberg, sont déjà sous perfusion.

Polémia

La crainte d’un krach financier mondial plane sur l’Europe

L’élite dirigeante européenne est sous le choc et considère avec incrédulité ce qu’elle craint être la plus sérieuse crise du capitalisme mondial depuis le krach de Wall Street en 1929.

La Banque centrale européenne (BCE) a réagi à la faillite de la banque d’affaires américaine, Lehman Brothers, en injectant des liquidités massives afin de soutenir les marchés boursiers européens. Lundi, la BCE avait procédé à des appels d’offres rapides pour injecter 30 milliards d’euros dans les marchés monétaires en déclarant dans un communiqué qu’elle était « prête à contribuer à des conditions ordonnées sur le marché monétaire en euros ».

La démarche de la BCE fut suivie de celle de la Banque nationale suisse (BNS) qui a également fourni des liquidités supplémentaires alors que les marchés boursiers d’Europe et d’Asie poursuivaient leur plongée.

Anticipant une baisse brutale des cours de la Bourse anglaise, la Banque d’Angleterre est intervenue lundi à hauteur de 5 milliards de livres (6,3 milliards d’euros) pour apaiser les marchés.

Le ministère allemand des Finances, la Bundesbank (banque centrale allemande) et la Bafin (autorité allemande des marchés financiers) ont tous tenté de restaurer le calme sur les marchés allemands en publiant un communiqué conjoint disant que l’exposition des banques allemandes à Lehman serait gérable.

Ni les efforts entrepris par les banquiers des banques centrales européennes pour rassurer les esprits ni les injections massives de liquidités n’ont réussi à apaiser les craintes des marchés. Lundi, l’indice des valeurs européennes FTSE Eurofirst 300 britannique a chuté de 5 pour cent alors que le Dax allemand est tombé de 4,7 pour cent, pour atteindre son plus bas niveau depuis deux ans. Les valeurs bancaires ont été le plus durement touchées.

Lundi, après les pertes considérables sur les marchés boursiers et la crainte de l’effondrement du plus grand assureur américain, l’American International Group (AIG), les banques européennes intervenaient une fois de plus mardi, la BCE injectant 70 milliards d’euros supplémentaires et la Banque d’Angleterre 20 milliards de livres (25,1 milliards d’euros) de plus.

Une fois de plus, les injections massives de liquidités ne sont pas parvenues à stabiliser les marchés. Mardi, le FTSE 100 de Londres a plongé en dessous de 5.000 points pour la première fois depuis sept ans. Les valeurs allemandes ont poursuivi leur chute. L’indice Dax 30 [indice de référence des valeurs des trente blue chips allemandes] a baissé de 98,99 points à 5.965,17, soit un recul de 1,63 pour cent. Le principal indice français, le CAC, a enregistré lundi une forte baisse de 3,78 pour cent et mardi de 1,96 pour cent.

Contrairement aux déclarations officielles faites en Allemagne, l’ampleur totale de l’implication des principales banques européennes dans Lehman Brothers est énorme. Mardi, par exemple, il a été rapporté que la banque publique allemande Kreditanstalt für Wiederaufbau (Banque pour la reconstruction, KfW) avait transféré par erreur 300 millions d’euros à Lehman Brothers le jour même où la banque américaine déposait son bilan, tandis que l’établissement bancaire helvétique UBS annonçait qu’il s’attendait à des pertes identiques d’au moins 300 millions d’euros en raison de son implication avec Lehman Brothers. UBS, le numéro 1 de la gestion de fortune, avait déjà dû rayer 37 milliards de dollars d’actifs liés à la crise du crédit hypothécaire des subprimes américains.

Selon le journal économique allemand « Handelsblatt » il est possible que la totalité du fonds d’urgence mis sur pied par un consortium de banques allemandes pour s’assurer contre les crises soit absorbée par l’effondrement de Lehman. Le Fonds de garantie de dépôt de la fédération des banques allemandes (BdB) est évalué à 4,6 milliards de dollars, une somme qui sera entièrement engloutie pour éponger 6 milliards d’euros de dettes des filiales de Lehman en Allemagne. Les pertes de 6 milliards d’euros provenant de l’effondrement de Lehman représentent la plus grosse perte de l’histoire de la finance allemande.

La Grande-Bretagne est encore plus exposée à la crise financière américaine. Après l’effondrement de la banque Northern Rock en début d’année, le premier établissement de crédit immobilier de Grande-Bretagne, la Halifax Bank of Scotland (HBOS) se trouve également au bord de la faillite. Ses actions en Bourse ont dégringolé mardi de 40 pour cent et il semblerait qu’elle puisse être rachetée par Lloyds TSB.

D’autres importantes banques européennes pourraient être entraînées dans le tourbillon financier dans des conditions où entre avril et juin l’ensemble des économies de l’Union européenne avait déjà rétréci de 0,2 pour cent. La Grande-Bretagne et l’Espagne qui avaient aussi été durement touchées par une grave crise immobilière connaîtraient déjà la récession. Selon l’Institut économique de Kiel, la première économie d’Europe, l’Allemagne, sera également affectée par la récession cette année.

Face à la montée de l’inflation de par l’Europe, et dont les taux dépassent 4 pour cent dans de nombreux pays, les analystes économiques redoutent déjà la stagflation au sein de l’Union européenne.

Les politiciens français et allemands ont lancé des platitudes euphorisantes à la ronde en déclarant que les données fondamentales des économies et du système bancaire européens étaient saines et en meilleur état que les données américaines. Mais les analystes ont émis des avertissements sombres indiquant tout le contraire en soulignant qu’il n’est pas possible que l’Europe ne soit pas touchée par l’effondrement continu des institutions financières américaines.

En signalant les implications d’une menace de faillite imminente de l’assureur AIG, le « New York Times » a relevé que les banques européennes possédaient trois quarts des 441 milliards de dollars d’actifs de l’AIG liés aux crédits immobiliers à risque assurés et détenus par un consortium de banques. Ces titres exposent les institutions financières européennes à d’énormes risques en cas de défaillance de l’AIG.

Dans son article, paru lundi dans le quotidien « Frankfurter Rundschau », Jan Pieter Krahnen parlait du « grand danger d’une onde de choc » qui pourrait ensevelir les banques allemandes et européennes au cas où en Allemagne la confiance placée dans le genre de contrat assurant le risque de crédit (credit default swaps, CDS) préconisé par Lehman Brothers et AIG serait ébranlé. Mercredi, le journal « Süddeutsche Zeitung » intitulait son interview avec un expert financier « Le pire est à venir. »

Un certain nombre de commentaires quasi apocalyptiques ont paru dans la presse britannique, disant que la crise actuelle est au moins comparable à l’effondrement financier de 1929.

Larry Elliot, rédacteur en chef des pages Economie du « Guardian » a intitulé son papier « Cette semaine, le krach est nucléaire et la Grande-Bretagne va ressentir les pires retombées. » Il a écrit : « Il est clair que les événements du week-end rendent bien plus probable une récession prolongée et profonde. Oublions tout ce qui a été dit d’un atterrissage en douceur ou d’une récession si forte et courte qu’on la remarquerait à peine. Comme les choses se présentent actuellement, la question est de savoir à présent s’il s’agit d’un effondrement total du système financier avec les institutions s’écroulant comme un jeu de quilles ou si un resserrement rigoureux du crédit sur une période prolongée entraînera une baisse des prix immobiliers, une chute des dépenses à la consommation, de plus faibles investissements et une hausse du chômage. »

« Il ne fait aucun doute qu’il s’agit du choc financier le plus grave depuis 1929, » poursuivit-il.

Dans un article paru dans le journal de droite « Daily Mail », Alex Brummer rappelle que les premiers signes de gonflement de la crise internationale remontaient aux problèmes qu’a connus une banque européenne : « La crise du crédit a débuté », écrit-il, « le 9 août de l’année dernière après que l’une des premières banques privées françaises, BNP Paribas, eut annoncé la suspension du calcul des valeurs liquidatives de deux de ses fonds d’investissement parce qu’ils contenaient des titres toxiques. » Il poursuit en se référant à « des dizaines sinon des centaines de milliards de pertes sur des titres basés sur des produits dérivés liés aux subprimes », pour conclure : « Ce n’est que maintenant que la taille véritable du trou noir est reconnue chez Lehman, Merrill Lynch, AIG et ailleurs. Chez Lehman par exemple, le chiffre des dépréciations a plus que doublé en passant de 17 milliards de livres sterling à 44 milliards de livres sterling en l’espace de la seule semaine passée. »

L’éditorial du journal « Mail » précise : « Des décennies durant, nous avons adoré l’idole or. Les premiers ministres et les présidents se sont agenouillés devant ses gardiens. Les monarques de l’argent, les courtiers de la richesse, les prétendues sources de la sagesse ont tenu en bride l’Europe et les Etats-Unis, rabaissant tous ceux qu’ils croisaient sur leur chemin… Aujourd’hui, nous nous réveillons pour découvrir que pareils à de nombreux magiciens d’Oz, ces personnalités pleines d’assurance sont en réalité de vieux hommes insensés, parfois aussi des jeunes, marmonnant en coulisse des incantations vides de sens. » « Une façon de voir le capitalisme est à présent discréditée », conclut-il.

Willem Buiter, professeur d’économie politique européenne à la London School of Economics, a fait la déclaration la plus claire sur les implications de l’effondrement financier aux Etats-Unis. Dans le « Financial Times », Buiter a dit en parlant des 85 milliards de dollars de renflouement de l’AIG par le gouvernement américain : « Le plus grand supermarché d’assurance du monde, dont le bilan dépasse mille milliards de dollars, a été nationalisé parce qu’on le suspectait d’être trop gros et trop interconnecté mondialement pour faire faillite ! »

Il a poursuivi en précisant : « Derrière cette décision extraordinaire se cachait le fait que l’échec de l’AIG aurait accru les risques, réels et supposés, des contreparties de par le système financier des Etats-Unis et du reste du monde, au point qu’aucun établissement financier n’aurait voulu accorder un crédit à un quelconque autre établissement financier. Les crédits aux ménages et aux entreprises non financières auraient été le domino suivant à tomber, et voilà ! Un Armageddon financier parfait. »

par Stefen Steinberg
Mondialisation.ca, le 25 septembre 2008
Article original, WSWS, paru le 18 septembre 2008.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10335

Correspondance Polémia
26/09/08

vendredi, 05 septembre 2008

La politique étrangère européenne après la guerre du Caucase

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Andreas MÖLZER, MPE:

 

La politique étrangère européenne après la Guerre du Caucase

 

En jouant le rôle d’intermédiaire dans le conflit du Caucase, par le biais du Président en exercice du Conseil de l’UE, Nicolas Sarközy, et de la Chancelière fédérale allemande Angela Merkel, l’UE tente, vaille que vaille bien que la démarche soit importante, d’acquérir une certaine autonomie en politique étrangère. Parce que le Caucase, au contraire des déserts du Tchad africain, se trouve véritablement à la périphérie de l’Europe, les engagements que prend Bruxelles ont un sens, surtout parce qu’il ne faut pas laisser le terrain à une puissance extérieure à l’Europe, notamment les Etats-Unis.

 

Après l’attitude pondérée et bien balancée adoptée par Sarközy et Merkel au début de l’affaire géorgienne, les tentatives de médiation de l’UE risquent désormais de s’enliser dans les sables mouvants d’un parti-pris unilatéral en faveur de la Géorgie. Ainsi, le Président français Sarközy a menacé les Russes de “conséquences” s’ils ne retiraient pas leurs troupes le plus rapidement possible du pays voisin. Merkel, elle aussi, n’a pas fait mystère de ses sentiments lors de sa visite à Tiflis. La Géorgie peut, si elle le souhaite, devenir membre de l’OTAN, a déclaré la Chancelière fédérale. Or ce sont justement les effots entrepris par le Président géorgien Saakachvili pour faire adhérer son pays à l’OTAN qui ont constitué l’une des raisons majeures du conflit actuel qui l’oppose à la Russie. Car le Kremlin, pour des raisons bien compréhensibles, n’a pas le moindre intérêt à ce que l’Alliance atlantique, dominée par les Etats-Unis, se cramponne dans une région qui forme l’arrière-cour de la Russie.

Si l’UE prend parti unilatéralement en faveur de la Géorgie, ce ne sera pas seulement un acte relevant de la sottise politique mais un acte tout à fait contraire aux intérêts de l’Europe. Finalement, la Russie n’est pas seulement importante pour l’Europe sur le plan de la politique énergétique, elle l’est aussi sur le plan stratégique, afin de s’opposer de concert aux tentatives d’imposer l’hégémonie des Etats-Unis sur le monde. Si, un jour, l’UE veut jouer un véritable rôle en politique internationale, au-delà des discours policés et dominicaux de son établissement, elle ne pourra pas faire autrement que de tendre la main à Moscou. Cette politique de la main tendue implique de respecter les sphères d’intérêts de la Russie, celles qu’elle a acquises au cours de son histoire, depuis le temps du Tsar Pierre le Grand.

 

Bien sûr, un partenariat avec la Russie ne sera pas toujours facile à gérer. Mais vouloir transformer l’UE en complice de Washington et sacrifier la vie de soldats européens pour les seuls intérêts américains, voilà deux attitudes qui ne peuvent, en aucun cas, constituer une alternative viable et intelligente.

 

Andreas MÖLZER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°34/2008, trad. franç. : Robert Steuckers).

mardi, 05 août 2008

L'Union Méditerranéenne éloigne l'UE de la Russie

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Bernhard TOMASCHITZ:

L’Union Méditerranéenne éloigne l’UE de la Russie

Critique du projet transatlantiste de Sarközy

Pour le président français Nicolas Sarközy, la création de l’Union Méditerranéenne est un “rêve devenu réalité”. Cette nouvelle construction, qui a été portée sur les fonds baptismaux à Paris le 13 juillet 2008, inclut, outre les 27 Etats membres de l’UE, tous les pays riverains de la Mer Méditerranée, à l’exception de la Libye. L’objectif officiel de cette organisation, qui aura deux présidents et un secrétariat à Tunis, est, pour l’essentiel, la coopération dans les domaines de l’économie, de l’éducation, de l’assainissement écologique de la Méditerranée et de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit. La réalisation de ce projet chéri du Président actuellement en fonction du Conseil de l’UE coûtera bien cher au contribuable. D’après les chiffres avancés par la commissaire européenne aux affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, Euro-Bruxelles mettra la somme de neuf milliards d’euro, d’ici à 2013, à la disposition de la région couverte par cette UM.

L’Union Méditerranéenne, structure préparée de longue date, aura, pour autant qu’elle fonctionnera dans les faits, d’énormes retombées géostratégiques. Sarközy avait parlé de cette Union Méditerranéenne au début de l’année 2007, dans le cadre de la campagne pour les élections  présidentielles en France et, pour la réaliser, a dû accepter un compromis avec l’Allemagne.

Au  départ, cette Union Méditerranéenne devait se limiter aux Etats de l’UE riverains de la Méditerranée. Pour éviter de faire capoter le projet, et face aux réticences de la Chancelière fédérale Angela Merkel, il a dû ouvrir le projet à tous les Etats de l’UE.

Mais dans les pays du Nord de l’UE, en Allemagne, en Pologne, en Suède ou dans les Pays Baltes, personne ne se réjouit de la création de cette Union Méditerranéenne. Ces pays du Septentrion de notre sous-continent auraient préféré consolider les relations de l’UE avec la Russie, riche en matières premières. Le ministre suédois des affaires étrangères, Carl Bildt, a émis son opinion lors de la fête pompeuse qui a marqué la fondation de l’UM à Paris: pour lui, cette UM est certes “souhaitable sur le fond”, mais, ajoutait-il, “elle ne changera pas le monde en un jour”. Bildt employait évidemment un langage diplomatique; traduit en clair, cela équivaut à: “Elle est belle votre fête ici, mais finalement tout ça, c’est du bidon!”.

Nous assistons donc à un déplacement du centre de gravité de l’UE, qui glisse ainsi de l’Est au Sud. En ce sens, l’UM se révèle pour ce qu’elle est: un truc de la stratégie internationale des Etats-Unis pour éloigner l’UE de la Russie. En fin de compte, Washington ne veut pas  seulement encercler la Russie mais aussi empêcher que ne se constitue encore, plus tard, un “Axe Paris-Berlin-Moscou”, comme en 2003 lorsque Washington a déclenché sa guerre d’agression contre l’Irak. La Russie dispose des moyens d’offrir à l’UE une alternative attrayante à la domination sans partage des Etats-Unis sur le monde. Récemment, le Président russe Dimitri Medvedev a donné son aval à un document où l’on déclare que “la constitution d’un système ouvert et démocratique de sécurité et de coopération régionales et collectives qui garantira l’unité de la région euro-atlantique de Vancouver à Vladivostok”, but qui sera “l’objectif principal de la politique étrangère russe en direction de l’Europe”.

Vu l’existence de tels projets à Moscou, les Etats-Unis ont de la chance d’avoir à l’Elysée depuis juin 2007 un “transatlantiste” avéré en la personne de Nicolas Sarközy. Contrairement à son prédécesseur, le président français actuel ne veut pas seulement ancrer davantage encore  son pays dans l’OTAN mais, en plus, lier solidement la politique européenne de sécurité et de défense à l’alliance nord-atlantique. Car l’OTAN, a déclaré Sarközy, “est notre alliance: nous avons contribué à la créer et nous en sommes aujourd’hui l’un des principaux bailleurs de fonds”. Or, aujourd’hui, il faut bien le constater, le seul but de l’existence de cette OTAN est de parfaire l’encerclement de la Russie.

La création de l’UM renforce les soupçons de ceux qui craignent qu’elle servira à introduire la Turquie dans l’UE, et, plus tard, aussi Israël. Il y a un peu plus d’un an, Sarközy se drapait dans le rôle du lutteur clairvoyant, qui allait tout faire pour empêcher l’adhésion turque à l’UE; aujourd’hui, changement d’attitude: il veut se comporter “de manière loyale” à l’égard d’Ankara. “Si de nouvelles conditions d’adhésion doivent être prises en considération, ce sera la présidence française du conseil qui le fera”, vient de dire Sarközy en marge de la cérémonie de fondation de l’UM. Le président français ne cesse de proclamer qu’il est “un ami d’Israël” et que la France “se trouvera toujours aux côtés” de l’Etat créé jadis par le mouvement sioniste.

Les efforts que Sarközy et les Américains déploient pour entraîner l’UE dans les conflits du Proche Orient sont patents depuis longemps déjà. Sur ce plan, les déclarations du ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer, en octobre 2005 sont révélatrices: “La sécurité de l’Europe ne dépendra plus des ses frontières orientales mais de la situation dans le bassin oriental de la Méditerranée et au Proche Orient. La Turquie, dans cette conception de la sécurité européenne, doit devenir un pilier de cette sécurité et toutes les entreprises visant à empêcher cette évolution relèvent tout simplement de la courte vue”. C’est en ces termes que le “Daily Princetonian”, quotidien de la célèbre université américaine de Princeton, cite le politicien allemand, situé à la gauche de la gauche.

Quant à Zbigniew Brzezinski, conseiller en matières de sécurité de l’ancien président américain Jimmy Carter, il remarquait, dès 1997, que “la France ne vise pas seulement un rôle politique central dans une Europe unie mais qu’elle se veut aussi le noyau d’un groupe d’Etats nord-africains et méditerranéens, qui, ensemble, ont les mêmes intérêts”. Conclusion: c’est parce que l’Europe dépend entièrement des Etats-Unis que l’extansion de la sphère d’influence de l’UE dans l’espace méditerranéen sera simultanément un accroissement de l’influence américaine dans cette région.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°30-31/2008; trad.  franç.: Robert Steuckers).

 

 

vendredi, 20 juin 2008

Partenariat stratégique

Rappel: Un texte prophétique -et toujours actuel!- de Henri de Grossouvre !

Pour un partenariat stratégique entre l'Union Européenne et la Russie

 

L'Union Européenne est en train de réformer ses institutions et son mode de travail. Il s'avère dès lors important que les citoyens des Etats membres soient au courant de trois cho­ses : des conséquences de ces réformes, des diverses possi­bi­lités de développement (Fédération d'Etats, Etat fédé­ral,…), des partenaires futurs de cet Union. Le 21 avril pro­chain, en France, les élections présidentielles auront lieu. Les bons résultats, inattendus, de Jean-Pierre Chevène­ment dans les sondages a surpris les observateurs et inquié­té les deux candidats principaux, Chirac et Jospin. Chevè­ne­ment est souvent décrit dans les médias comme un ad­ver­saire de l'Europe. Ce n'est pas exact. Il serait plus juste de dire qu'il est partisan d'une façon différente d'intégrer l'Eu­rope; ensuite, il s'insurge contre le déficit démocratique croissant des instances européennes, lesquelles n'ont plus de légitimité démocratique. Ensuite, il se fait l'avocat d'un par­tenariat stratégique entre l'Union Européenne et la Rus­sie.

 

L'Union Européenne et la Russie ont des intérêts géopoliti­ques, économiques et culturels communs. L'accord de co­opé­ration qui existe depuis le 1 décembre 1997 entre l'UE et la Russie est un accord de type préférentiel, comme il en existe déjà entre cette même UE et quelques pays d'A­mé­rique latine et/ou d'Afrique. Cet accord est insuffisant. La mise sur pied d'un partenariat stratégique avec la Russie permettrait à l'Europe de faire face aux grands défis du 21ième siècle : défis qui nécessitent paix et sécurité sur le con­tinent, maîtrise de l'espace et maîtrise des problèmes énergétiques. Si l'intégration pure et simple de la Russie dans l'UE est une impossibilité, nous pouvons trouver une for­me d'association avec le GASP. Au cours de l'histoire de l'hu­manité, nous constatons une succession de périodes de guerre et de paix. La paix est l'œuvre du politique. Un par­te­nariat stratégique entre l'UE et la Russie garantirait l'exis­tence d'un monde multipolaire, source de paix et d'é­qui­libre. Le monde multipolaire, que De Gaulle appelait de ses vœux en son temps, est une idée que souhaitent voir ad­venir la Russie, la Chine et l'Inde. Depuis que les Etats-U­nis se montrent capables, seuls, d'assumer une domination qua­si totale de la planète, les guerres n'ont cessé de se suc­céder (Irak, Bosnie, Yougoslavie, Somalie, Afghanistan).

 

Vus les problèmes soulevés par le Projet Galileo, nous de­vrions faire en sorte de développer des satellites de navi­ga­tion, de concert avec la Russie. Les Américains ont claire­ment dit aux Européens qu'ils ne leur accorderont aucun ac­cès au nouveau système de navigation satellitaire; or les Russes disposent d'un système, appelé Glonas, et de fré­quen­ces, ce qui doit nous conduire tous naturellement à dé­velopper un système exclusivement européen, en parte­nariat avec la Russie.

 

De même, la Russie pourrait aider l'UE à résoudre la ques­tion de l'énergie. Selon plusieurs experts (1), la production de pétrole atteindra son point culminant dans les années 2010-2020, puis ne cessera plus de diminuer. Le monde se­ra confronté alors à une pénurie chronique de pétrole. Dans ce contexte, la Russie sera en mesure d'atteindre l'un des objectifs qu'elle s'est fixé: devenir le premier producteur de pétrole du monde, bien avant l'Arabie Saoudite. La Rus­sie possède déjà les plus grands gisements de gaz naturels au monde et maîtrise, tout comme la France, l'énergie ato­mique. L'Autriche, qui, traditionnellement, fait fonction de pont entre l'Est et l'Ouest, entretient de bonnes relations di­plomatiques et économiques avec la Russie. Elle aussi a tout à gagner dans un partenariat stratégique entre l'UE et la Russie.

 

Henri de GROSSOUVRE.

(texte de présentation du livre de Henri de Grossouvre, Paris-Berlin-Moscou - La voie de l'indépendance et de la paix, Age d'Homme, Lausanne, 2002, adressé à la presse autrichienne en janvier 2002).

 

Note :

(1) cf. Norman SELLEY, «Changing Oil» & John V. MITCHELL, «Oil for Wheels», Royal Institue of International Affairs, London, Briefing Pa­per, New Series, no. 10, January 2000 and no. 9, December 1999.